Une question de Claude sur le ouèbe deux point zéro montre que le concept n’est pas encore totalement acquis (on dirait les évaluations de mes gamins à l’école). Je ne suis pas ce que l’on nomme un geek, mais j’ai un peu utilisé la toile à des fins professionnelles, et durant un moment, participé à une petite aventure médicalo-internet. À l’époque, j’étais très au courant de tout ça. J’ai un peu décroché, mais je garde néanmoins toujours un œil sur ce qui se passe. Et il se produit quelque chose qui intéressera sans doute les 0,2 visiteurs quotidiens de ce blog.
Ce quelque chose est une mutation. En gros, le « système » Internet passe d’un état « média », c’est-à-dire support, comme le serait un livre, permettant de communiquer, de diffuser des idées, à un état « vrai autre monde à côté du monde réel ». Je ne trouve pas de mot exact pour décrire le fait que des gens (pas tout le monde, mais certains) passent littéralement leur vie devant un écran, ne communiquent plus que par mail ou par messagerie instantanée, et surtout, vivent plus intensément les évènements du monde Internet (comme l’arrêt d’un serveur de P2P, ou la mise en place d’un nouveau « réseau social ») que les évènements du vrai monde.
Je ne suis pas Jacques Attali (ma femme me le reproche tous les jours quand le banquier téléphone..) mais il est indéniable que cette transformation va nous affecter. Et que la vie de nos enfants et petits-enfants se construira avec cette « double appartenance ». Un pied sur terre et un pied sur la toile.
La notion même de « réseau social », si elle fait appel à une théorie sociologique assez ancienne, décrit bien le changement qualitatif en train de s’opérer. Un livre, un film, un média « traditionnel » n’ont jamais été à eux seuls un réseau social. Bien entendu, il y a eu, et il y a toujours des ciné-clubs, des cercles littéraires, des salons, qui sont des réseaux a part entière. Mais pour en faire partie il faut y participer, en chair et en os, se déplacer, rencontrer d’autres personnes physiques.
Sur Facebook ou Myspace, vous n’avez toujours affaire qu’à des avatars, mais sans vous déplacer de votre chaise (ou de votre lit pour les plus faignants), vous vous constituez un tissu de relations en fonctions de vos goûts, de vos désirs…cette facilité est déconcertante. Je ne parle pas des blogs, mais de ces applications qui permettent de vous présenter, de parler de vous et de chercher des nouveaux (ou nouvelles) ami(e)s pour échanger avec eux(elles) et plus si affinité.
Et, dans les faits, ces réseaux sont utilisés pour le business au moins autant que pour la recherche de l’âme sœur. A 95% encore dans le monde anglo saxon bien sur, habitué depuis bien plus longtemps, y compris dans la vraie vie, à nouer rapidement une relation amicale (même si nous la jugeons, en bons descendants de Montaigne et La Boétie, très superficielle).
Quid de la philosophie la dedans ? Et ben justement. Il faudrait en mettre un peu !
Quel homme se construit sous nos yeux ? Quels changements relationnels vont surgir de ces rapports virtuels (mais solides) ? Est-ce que ca va permettre de trouver un plombier pas cher le dimanche matin ? et tout ce genre de questions..
Qu’en pensez vous chèr(e) passant(e) qui passe ?